Festival_Groezrock 2016

Festival Groezrock 2016

Photos et texte par LE COACH

GROEZROCK, tel un pèlerin, j’y suis allé. Ce 29 et 30 Avril annonce la transhumance des croyants en leur Dieu Hardcore (celui de la musique), leur Shiva du Punkrock et leur Jah du Ska pour la bourgade Flamande de Meerhout, non loin des meilleurs skateparks Team Pain de Belgique à Anvers.

Tout s’annonce pour le mieux avec une affiche variée, des groupes de légende, des groupes sur le retour, d’autres rares par chez nous en France et enfin cette année des têtes d’affiche où l’on ne s’endormira pas (Cf : Social Distortion et Refused l’an dernier). Chose étonnante, Rancid a accepté de venir en Europe, uniquement pour le GROEZROCK afin de jouer entièrement « Out Come The Wolves » qui fête ses 20 ans de sortie. Punk with Future attitude !!!

Voici donc un petit résumé de mon périple à la limite Woodstock point de vue humidité, pas du point de vue climat post-pluie…la gadoue, la gadoue…

 

Jour 1 :

Le timing a changé pour cette année, au lieu de commencer vers 12H, c’est vers 15h45 que commencent en douceur les hostilités avec le reggae/ska des Aggrolites qui je dois l’avouer ne m’a jamais convaincu sur disque. Il en est une toute autre histoire en live. En bons vieux baroudeurs quinquagénaires, ils savent rythmer ce début de festival et skankent à tout va.

Dans une totale improvisation je me lance alors à traverser les marais du Groezrock pour rejoindre une scène opposée où jouent les Ontarioriens de Dirty Nil. Rude épreuve d’y aller, je vous assure mais le jeu en valait bien la chandelle. Le trio ouvre avec un emo-punk des plus détonnant, ils ne ménagent pas leur peine, oscillant entre mélodies et soft-screamo. Certainement une des meilleurs prestation et interprétation de ce cru 2016.

S’en suit une tentative de découverte des hipsters du hardcore melodic de Four Year Strong. C’est propre, ça plaît au public de la scène principale. Tout se passe entre les 2 guitaristes chanteurs dont l’interprétation ressemble à une discussion version hardcore.

Le moment tant attendu par moi depuis 1996, revoir Less Than Jake, venus il y a 3 ans mais que j’avais raté pour cause de frikadellite aiguë. Ce moment à attendre je vous le conseille, il ne fait que donner une saveur exponentielle à voir les king of Ska/punk nous offrir un show cuivré à souhait enchaînant les titres les plus connus et les blagues potaches. On sent le professionnalisme à l’Américaine, pas besoin et pas le temps d’attendre 3 chansons pour être chaud et mettre le feu. Groezrock c’est aussi la possibilité de découvrir d’excellents groupes et le groupe Flamand Tangled Horns en est le parfait exemple. Mélangeant Grunge, Stoner et Noisy, on sent l’envie d’exploser de la part de Tim Vandeplas au chant. Le genre de gars qui paraît propre sur lui à la limite bobo mais qui est une furie, une bête sur scène. Autre chanteur très propre sur lui, local boy du festival : Mr Frank Turner et ses Sleeping Souls qui ne sont pas décidés à nous laisser dormir et tant mieux ! Ils manipulent le folk-punk comme personne, l’accompagnement mandoline et piano dynamique sont divins. On en redemande. Je suis certain que l’on retrouvera Frank Turner un de ces quatre en tête d’affiche, il mérite plus que 45mn de show. La journée est bien avancée et la grosse cavalerie arrive. Je m’essaye au metalcore de Hatebreed sans trop de conviction, les chansons à messages et les discussions s’enchaînent, le show est carré. Je quitte rapidement la grande scène pour ne pas rater le grand retour du festival. J’enfile ma tenue d’Indiana Jones car il faut au moins ça pour traverser la gadoue et affronter la horde de fans venus pour les suédois de No Fun At All. Un retour certainement sous-estimé tant la tente-scène déborde de public. On retrouve tous les titres phares de toutes les époques du combo, de la période, skatepunk, à la période punkrock en passant par l’excellent style emo de l’album « The Big Knockover ». Il n’y a pas de fosse pour photographier et c’est vraiment très compliqué de passer par le public déchaîné. Je fais volte-face avec mon 50mm ne pouvant affronter les 70-200mm des photographes Flamands.

Je quitte 10 minutes avant la fin car Rancid arrive pour nous jouer « Out Come The Wolves », l’album phare. La précédente prestation des punks m’avait laissé un arrière goût amer avec un Tim Armstrong à la ramasse. Passé par la case extra-terrestre (en jouant dans l ‘épisode 4 de la saison 10 de X-Files) a du lui remettre les idées en place. Il est bon, motivé autant que le sont habituellement Lars Frederiksen au chant et à la guitare et Matt Freeman à la basse. Branden Steineckert s’en donne à cœur joie aux fûts. C’est marrant de le revoir alors que je l’avais aperçu avec H²O en remplacement de leur batteur à Arras dans une salle culturelle, tout comme voir Frederiksen passé nous voir à la campagne avec son oï de Old Firm Casuals. La soirée se finit en beauté car le combo en avance sur le timing nous rajoute des titres à foison.

Temps mort : C’est le moment de prendre un repos de guerrier qui se fait dans l’auto et avoir un bon matelas, c’est vraiment pas du luxe pour repartir en forme, même dans un grand scénic. La grasse-matinée pourra se faire sans soucis. Le matelas n’est pas crevé !!!

Jour 2 :

Moins pluvieux mais ça ne changera rien, Groezrock ça se passe sous de grandes tentes, on ne vient pas faire bronzette enfin pour certains oui selon leur état d’ébriété qui les laisse inerte au soleil quand il y en a.

La grande scène s’ouvre avec la popunkeuse Sima du groupe Not On Tour venue de Tel Aviv. Elle a des intonations à la Fabulous Disasters et semble sur la retenue, peut être impressionnée par tant de monde venu rien que pour le groupe. Leur style n’hésite pas à aller dans le style melodic hardcore à la Descendents. Enchaînent directement sur cette grande scène les Suédois de Venerea qui ont eu aussi leur moment de célébrité dans le milieu des 90’s. On reconnaît bien le style melodic hardcore Suédois. Là aussi, le public est venu en masse pour ce retour.

Petite traversée du festival oblige, je me dirige à l’opposé du terrain pour m’essayer à l’écoute de The Pears dont Fat Wreck et beaucoup de personnes vantent les mérites…A part la prestation scénique fabuleuse du chanteur Zach Quinn, le quatuor de Louisiane est bien loin de la qualité musicale de leur album hardcorepunk. Le tout est très ‘bruitiste’ et pas mélodieux pour un sous. Mais Zach vaut le détour.

C’est une tradition au Groezrock, il faut au moins un girls-band et cette année a été marquée par Bad Cop / Bad Cop. Elles sont là mais sur une petite scène découverte qui ne tarde pas à être saturée. Leur punkrock est gentillet, marshmalow et rose-bonbon mais elles assurent un maximum et se donnent à fond. Nos quadra punkrockeuses montrent leur ravissement à être là.

A ce moment du festival c’est pas folichon pour mes goûts : le hardcore de Burn ou le punkpop mielleux de The Movielife. Tout en sachant que j’étais passé avant écouter rapidement Flatcat, Frank Carter & The Rattlesnakes (qui demande une écoute attentive). Je décide d’écouter un peu The Movielife, mais c’est la saturation je donne leur chance à Modern Baseball et leur indypunk. A vrai dire, ils sont étonnants ces adolescents au style pré-pubère. Cela valait franchement le détour, ils nous emmènent dans leur univers indy très prenant.

Je m’en retourne sur la grande scène car Juliette & The Licks arrive. C’est vraiment étonnant de la voir programmée sur ce festival car son style est vraiment rock Alternatif. J’ai du mal à comprendre ce que l’on trouve à ce groupe. Ok ! Juliette Lewis est une ancienne gloire de la télévision qui jouait dans une série et qui a décidé de tout abandonner pour la musique. Elle essaye de faire du style scénique extravagant. Elle est dans un état second pour je ne sais quelle raison. C’est résolument mauvais à mon sens mais au moins marrant à photographier. Je quitte rapidement la scène pour un peu de repos dans le carré VIP, il y a beaucoup de bons groupes qui arrivent. Dont Mad Caddies qui malheureusement s’évertuent à faire une partie de leur show avec leur reggae qu’ils ont adopté lors d’un tournant musical mais il faut l’avouer ce sont encore les morceaux ska/punk/swing/charleston qui fonctionnent toujours le mieux et qu’on retrouve sur leurs 2 premiers opus « Quality Soft Core » « Duck And Cover ». A la rigueur les morceaux reggae servent à se reposer après les pogos.

Un peu d’humour, de déconnade, de musique décalée avec les Me First And The Gimme Gimmes, ce supergroupe qui réunit différents membres de célèbres groupes de punkrock qui alternent selon les tournées. Cette fois-ci nous avons le droit à Joey Cape de Lagwagon avec Spike de Swiggin’ Utters, le bassiste de Face to Face qui commence ici une performance, celle de jouer le jour même et à la suite dans 3 groupes différents : Me First, Face To Face et No Use & Friends. Un vrai marathon remporté haut la main à l’applaudi-mètre.

De retour pour au minimum la 3ème fois, Iron Chic plaît toujours autant, les New Yorkais (l’état) sont clairement une des révélations de ces 5 dernières années. Leur indy-punk prend aux tripes, ce côté emo vous retourne la tête. Les paroles sincères et la musique fichtrement bien travaillée reconnaissable parmi 10 000 groupes, me donnent des frissons. Ils peuvent revenir tous les ans sans soucis. Ma traversée boueuse achève mes Vans mais elles sont récompensées par le combo.

Retour à la grande scène pour un des événements du jour : une tournée Face To Face. Les papys du punkrock sont en grande forme et enchaînent anciens et excellents nouveaux titres fraîchement sortis. On pourrait n’y voir que du feu, le set est parfait, professionnel et plaisant à souhait.

2ème événement de la journée : No Use For A Name & Friends est attendu aussi bien par le public que par les musiciens venus jouer au Groezrock, le backstage est rempli pour les encourager. Ils ont bien besoin de cela. Groezrock est le 3ème show dans cette formule où les anciens de NUFAN invitent leurs amis à les accompagner parfois en totale improvisation. C’est Sima de Not On Tour qui est appelée et pas très à l’aise. Elle ne connaît pas les paroles, c’est aussi dur d’être prise sur le vif à remplacer Tony Sly. Puis Spike de Me First s’y collera aussi avec un peu plus de succès. La palme ira pour moi au chant de Chuck Robertson de Mad Caddies qui colle parfaitement avec le style de No Use. Tandis que Joey Cape qui a bien du interpréter 8 chansons est aussi excellent et a une voix tellement typée qu’on croirait entendre Lagwagon reprendre du No Use. Les Bad Cop / Bad Cop viendront faire un duo. On retiendra le flot d’émotion pour cet avant dernier groupe sur la grande scène.

Je me dépêche pour traverser une dernière fois le festival afin d’écouter les iconiques Dag Nasty. Quel plaisir de retrouver l’un des groupes qui a fait la renommée du label Dischord et Revelation Records. Même sans Dave Smalley, tout y est, le style, le rythme, le vrai emocore. On en redemande.

Enfin aussi sur le retour après une grande traversée du désert du fait d’un chanteur gravement alcoolique mais sur la voie de la rédemption, Sum 41 compte bien montrer qu’ils sont de retour pour du bon. Explosion totale sur scène, déchaînement, retour impressionnant pour ce groupe qui avait la réputation d’être un groupe à midinettes. Ils passent dans la cours des grands.

Et voilà c’est déjà fini Groezrock 2016, les 25 ans d’existence sont passés, même si franchement cette édition n’a pas été gâtée par la météo, la musique nous a bien réchauffé le cœur. Je terminerai en saluant les mecs de la sécurité du festival qui sont adorables, contrairement à ce que l’on voit ailleurs. Les mecs assurent la sécurité pour les musiciens mais aussi pour les photographes et le public lui même qui est hyper-actif. Toujours souriant et apportant même du potage au pauvre photographe affamé que je suis. Big up à eux et à Michel en particulier.