C’était le 1er et le 2 Mai 2015, à Meerhout que se déroulait le mythique Festival où les groupes Américains se précipitent les yeux fermés tant la réputation est bonne outre-atlantique.
Je pourrais vous faire une compte rendu jour par jour, groupe par groupe dans l’ordre de passage dans la lentille de mon canon 50mm ou 12/24. Je n’ai pas vu les 94 groupes programmés. Il me paraissait amusant de faire l’ABCédaire de mon Groezrock 2015 dont mon pass photo a été obtenu grâce à mon magazine nordiste fétiche : Illico !
Je passe outre le mauvais souvenir de l’an dernier et le caprice du staff de The Offspring qui m’empêcha ainsi que de nombreux autres photographes d’aller photographier la donzelle Dexter Holland…
Photo et texte: LE COACH
A et même double A, comme AGAINST ME! Mené de main de maître, enfin maintenant de maîtresse par Laura Jane Grace…(les érudits comprendront ma feinte). Il faut dire que le groupe a un savoir-faire pour attraper son public dès les premières notes d’un « I’m a teenage anarchist » sur la scène principale suivi de tous les meilleurs titres qu’il sait nous composer. Laura est émue de pouvoir partager la cause pour laquelle elle vit et a décidé de se battre : la transsexualité. Le titre « true trans soul rebel » tombe à point.
Dans un autre registre arrivent les New Yorkais de AGNOSTIC FRONT sur la scène hardcore, quel plaisir d’entendre toute la puissance de « Gotta Go » et les nouveaux titres fraîchement sortis de leur dernier album « The American Dream Died ». Un must. Vinnie et Roger sont en forme (oui, je les appelle par leur petit nom depuis qu’ils sont venus jouer dans le village à côté du mien) les chansons s’enchaînent et le public suit dans des mush-pits de folie.
B comme boisson ou ballot. Car même si avec l’alcool, la fête est plus folle pour certains, quelle étonnement de trouver, dès 11h du matin, au premier jour du festival, des mecs déjà ivres allongés au sol et dans un état qui leur fera louper certainement une bonne partie des groupes. En tout cas il y aurait matière pour un artiste photographe à faire une exposition.
C qui va bien à COUNTERPUNCH, ou Chicago car ils viennent de là bas ces skatepunkers démoniaques qui eux bénéficient d’une petite scène de 3000 personnes archie remplie. Il faut dire que leur dernier opus « Bruises » est une des révélations de l’année 2014. Ils lorgnent avec le hardcorepunk ces jeunes skateurs. Le public est conquis par cette vivacité et énergie.
D ira droit au but avec DIRECT HIT ! L’autre excellente découverte 2014 en punkrock grâce au sublime « Brainless God ». Il y a un côté émo à la Revelation Records pas déplaisant, le groupe dépote et nous joue quelques nouveaux titres de leur album qui sortira fin d’été 2015. DIRECT HIT ! est le genre de groupe qui fait plaisir à entendre et qui vous fait dire que la créativité a encore de beaux jours devant elle.
THE DWARVES joue des coudes (sans mauvais jeu de mots) car le bassiste arrive franco nu sur scène, pose juste sa basse et se déchaîne pendant tout le concert avec ses comparses. Le groupe était attendu depuis de nombreuses années et ne déçoit pas même s’il a joué pas forcément les titres emblématiques.
E pour énorme festival qu’est le Groezrock avec 4 tentes cette année plus une scène découverte, 1 tente merchandising des groupes (ça peut valoir le coup car certains n’hésitent pas à vendre leurs disques pour 5€. Merci THE INTERRUPTERS), 1 tente dédiée aux magasins partenaires (ça aussi ça peut valoir le coup pour chopper des vinyles rares et pas cher), enfin tous les stands pour se restaurer à la flamande ou à la végétarienne. N’oublions pas le carré VIP, où les stars se côtoient avec le commun des mortels qui se prend ainsi pour une star. Enfin pour moi ça se limitera à un seul intérêt grégaire : les chiottes sont clean et j’ai une chaise pour me reposer pendant ces 2 jours intenses. Ok ! La vérité est que j’avais oublié mes lunettes Black Flys plaquées or pour rivaliser avec les poseurs locaux.
F, je pense France, la Force Tranquille (peut être pas) mais surtout FORUS, nos petits coqs nationaux qui font fureur partout sauf réellement chez nous jouent une musique que je ne saurais qualifier, punk/screamo techno jouée comme des guitare-heros. En tout cas, le public adhère complètement et vient en masse. Je suis fier d’être Français.
Par contre si j’étais Australien, ça ne serait pas le cas. FRENZAL RHOMB qui étaient très attendus ont fait un show bruitiste à un point rare que j’ai préféré partir, pourtant il est un de mes groupes favori des années 90 en punkrock. 20 ans d’attente…pour ça.
G, restons dans la géographie avec Grand Bretons, enfin ils étaient pas si grand que ça les musiciens de GNARWOLVES mais ils ont envoyé une flopée de décibels pour leurs hymnes qui font d’eux un des groupes les plus intéressant de ce festival avec leur sens non négligeable de la mélodie accrocheuse.
Pour cette lettre G, un autre groupe, mais là un poids lourd est de retour. GOOD RIDDANCE qui revient après 9 ans d’absence afin de faire la promotion de l’excellent « Peace in our time ». Tous les albums sont balayés c’est un vrai plaisir pour les oreilles et les yeux car le bassiste Chuck Platt s’éclate et chose pas courante Russ Rankin sourit. C’est que c’est tout bon.
H sera parfait pour avoir Hâte car l’an prochain GROEZROCK fêtera ses 25 ans. Mais…
I, quelle Impatience pour tout le monde de connaître la programmation. Mais il faut absolument que je parle de THE INTERRUPTERS. Vous prenez un shaker, vous y glissez le meilleur d’Operation Ivy et de Rancid, vous y ajoutez le groove de la chanteuse Aimee et vous obtiendrez un savoureux mélange skapunk 2 tones. Aimee chante bien et une sorte de communion se crée entre elle et les fans, tout le monde danse, skanke. Une vraie fête.
J, j’arrête l’utilisation facile de mon ABCédaire pour combler mon manque d’information à vous communiquer. Ah non !! JARHEAD, les belges ouvrent sur une petite scène avec un post-hardcore pas mal du tout. Ce groupe Belge étonne par sa puissance et son professionnalisme. A suivre.
JOYCE MANOR a eu la lourde tache d’ouvrir la grande scène, certainement pas réveillé, le groupe est pour moi la grande déception du festival. Le groupe est mou du genou, les titre paraissent durer aussi long qu’un solo de Neil Young sous acide et en larsen….
K qui pourrait être une lettre compliquée comme dans un scrabble, je suis sauvé (il y a même une lettre compte double) par KNAPSACK qui renaît tel un phénix qu’il est pour nous rappeler cette glorieuse époque du vrai emocore des années 90, le tout soutenu à la guitare par Sergie de Samiam. Comme dit Georges Clooney : « Whatelse ! ». Tous les quarantenaires se retrouvent sous cette petite tente et une transe dès les premières notes se met en marche. Le pied absolu.
L, elles ont été longues ces 9 années d’attente pour entendre du nouveau son venant de LAGWAGON.Peut être Joey Cape était trop occupé avec ses projets parallèles de groupe punkrock ou acoustique. Dans tous les cas, cette venue montre aussi que se sont dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe car le nouveau disque « Hang » regorge de hits que le groupe s’empresse de nous jouer avec ferveur.
On trouvera aussi LOVED ONES avec Dave Hauser qui lui aussi avait laissé tomber le groupe pour une carrière acoustique, je ne sais pas si cela joua, mais le show ne cassait vraiment pas des briques, on ne retrouvait pas la qualité musicale du combo.
LOVE ZOMBIES vient de Londres et joua pour l’ouverture de la grande scène. Pas facile pour la chanteuse Hollis peroxydée (un mix de Joan Jett et Gwen Stefani) de commencer mais le groupe hyper énergique dans leur powerpop teintée de Ramones réussit le tour de force de rameuter très rapidement (car il n’ont que 30 minutes pour jouer) beaucoup de public. Bravo !
M, avec MASKED INTRUDERS les powerpunkrockeurs masqués de chez Fat Wreck Records qui réussissent à mélanger paroles d’amour et harcèlement en forme de poème musical. Le son est vraiment dégueulasse, mais le groupe s’en sort très bien avec des morceaux classiques et un jeu de scène rigolo.
Puis vinrent les papy du skapunk : THE MIGHTY MIGHTY BOSSTONES, un pressentiment me laissait deviner que cela serait du grand art. Ce le fut avec un section cuivre divine (avec le tromboniste de Bimskala), le danseur fou qui sert à rien mais qui fait mieux son travail qu’une potiche, la section rythmique très carrée et un Dicky Barrett au chant parfait, le mec est bon et smart en faisant monter un fan sur scène, il le fait danser, chanter et le reconduit sympathiquement en backstage (car le mec était sous le coup de l’émotion et un peu perdu sur la fin).
Le punkrock Suédois a été dignement représenté par MILLENCOLIN (souvenez vous les plus vieux, le guitariste était amateur chez New Deal Skateboard et apparaissait dans 1281 avec Jeremy Daclin). Le seul inconvénient, si on peut dire cela, c’est d’entendre le chanteur répéter 20 fois qu’ils viennent de sortir un nouvel album…On avait compris et on le savait, c’est aussi pour ça que le public est venu…
N pour Nuit chaotique pour moi car à moins d’avoir de l’argent : se payer un hôtel, ou être un peu téméraire : dormir dans une tente pendant un festival. J’opte généralement de dormir dans mon monospace sans siège…ça se passe généralement bien sauf quand des crétins se décident à écouter de la tektonik (ça existe encore?) jusque 5 heures du matin…Grrrrhhh !!!
OFF WITH THEIR HEADS pour moi était aussi attendu, leur punkpop qui surfe sur le meilleur du punkrock mélodique est un réel délice sur album. Le groupe me rappelle les excellents Red City Radio. Le show manque un peu d’enchaînement entre les titres mais on retrouve bien les qualités attendues par ce jeune groupe.
P pour te prend pas la tête PENNYWISE. Moment de flottement, le groupe avait prouvé il y a 2 ans que la présence de son chanteur Jim Lindberg était essentielle à la survie du groupe. Mais en voyant l’attitude irrespectueuse du guitariste emblématique Fletcher, je peux comprendre pourquoi Jim avait quitté le groupe : vannes lourdes, couper la parole…la tension était bien présente entre les deux musiciens. Cela peut expliquer la motivation de Jim à accélérer le tempo de leur musique skatepunk. Les hymnes se suivent pour finir par le célèbre hymne « Bro Hymn » entonné en cœur par le public et agrémenté de featuring de divers musiciens d’autres groupes.
Q…
R sera sauvé par REAL MCKENZIES en forme olympique et en kilt. Leur punkceltique n’a jamais été aussi bon que devant 10 000 personnes qui font pleinement la fête. Ça motive les troupes, d’autant plus que pour eux c’est aussi le meilleur moyen de jouer leurs nouveaux titres du fraîchement sorti : « Rats In The Burlap ». Cela tombe à point car les titres sont des classiques avant l’heure. Paul a un savoir-faire qui ne se tarit jamais.
R aurait pu aller aussi à REFUSED, mais je n’y suis pas allé et grand bien cela m’a pris puisque le show fut très mauvais d’après des collègues chroniqueurs.
S signe le retour des SATANIC SURFERS avec la particularité de retrouver l’ancien batteur/chanteur uniquement au chant et sans ses dreadlocks (2 signes distinctifs de ces Suédois). Leur hardcore/punk n’a pas perdu en puissance et mélodies depuis 2005 date de leur dernier album.
THE SMITH STREET BAND représentent bien, une fois de plus, car ils étaient déjà venu l’an passé, donc fièrement l’Australie, leur musique folk/punk est toujours prenante et remplie d’émotion.
SUICIDE SILENCE en a mis plein les yeux et les oreilles. Leur deathcore vous entre dans le ventre tel un TGV, une technicité imparable chez les guitaristes et un batteur à 200km/h.
THE SWELLERS quant à eux jouaient leur dernier concert avant de splitter. Ils se sont donné à fond, on ne sentait pas de tristesse dans ce dernier show.
Pour cette année, GROEZROCK misait en tête d’affiche sur SOCIAL DISTORTION. On dira qu’entre niveau d’exigence de papy Mike Ness et qualité médiocre du show qui se terminait à 1h20. Ce n’était pas gagné car Mike Ness ne connaît plus les paroles, alors son boy lui scotche à chaque chanson les paroles devant lui. L’ambiance est nulle du fait qu’il nous joue un rock très 50’s, pour nous photographe c’est abominable car il fait dresser une barrière de sécurité de gardes du corps du 2 mètres de haut. Dommage il avait aussi exigé de retirer toutes les enceintes de la scène.
T: Je suis une mauvaise groupie de groupes de musique, pourtant j’adore TEENAGE BOTTLEROCKET. Certainement un des groupes qui a le meilleur savoir-faire mélodique en matière de power/punkrock que je pensais formé par des jeunes skateurs boutonneux. La surprise fut grande de voir que le groupe est composé de quadragénaires bedonnants qui ont la pêche de jeunes skateurs boutonneux (ça me rassure). On sent le sens de la promotion Américaine, le son est au point et le groupe anime le public avec quelques blagues et anecdotes.
Les 4 Suédoises de TIGER BELL sont venues faire les punkrockeuses rose bonbon. Leur musique est gentille, elles se donnent à fond mais cela reste peu convaincant au final en live.
En TRANSIT pour finir cet ABCédaire joua sur une scène plus petite, le type de musique idéale pour les adolescentes, un emo-pop hyper mielleux.
2 jours de festival une fois de plus très complets et intenses et déjà commencent les pronostics sur le prochaine programmation. J’y verrais bien : Frank Turner, Dropkick Murphys en tête d’affiche. J’espère y écouter Bob Noxious, Deecracks, Five Iron Frenzy ou BuckOnine (pour le skapunk), The Adolescents, The Cox, Stabbed In The Back (pour le hardcorepunk), Imperial Leisure (scratch punkska), Polysics (Nintendo punk Japonais), The Toy Dolls, Smut Peddlers, Dollar Signs (folkpunk)…Rendez vous en fin avril 2016 pour les 25 ans de GROEZROCK.