Sébastien Daurel

JEFF : Bonjour Seb

On ne te présente plus mais j’ai quand même une question sur ton parcours : Est-ce toi qui double Eddie Murphy pour la version française ? SEB : Non !… (rire) non mais je pourrais doubler Scoubidou j’suis sûr. Parce que les doublures qui font les nouveaux Scoubidou c’est des bidons !!
> As-tu d’autres personnages dans ton carquois ? – Quelques uns, pas trop, mais il faudrait que je bosse un peu les imitations pour trouver d’autres nouvelles voix. Florent Pagny, Johnny…
> Ca marche ça avec les filles ???  – Non, non (rir> Bonjour Seb. On ne te présente plus mais j’ai quand même une question sur ton parcours : Est-ce toi qui double Eddie Murphy pour la version française ? – Non !… (rire) non mais je pourrais doubler Scoubidou j’suis sûr. Parce que les doublures qui font les nouveaux Scoubidou c’est des bidons !!

> As-tu d’autres personnages dans ton carquois ? – Quelques uns, pas trop, mais il faudrait que je bosse un peu les imitations pour trouver d’autres nouvelles voix. Florent Pagny, Johnny…

> Ca marche ça avec les filles ??? – Non, non (rire)

> Tu skates depuis plus de 15 ans maintenant, qu’est-ce qui a changé depuis tes premiers trucks plant ? – Beaucoup de choses peut-être et pas grand chose sûrement puisque je pense que le skate reste égal à lui-même, ça reste du skate. Après, autour ça évolue au niveau de la pratique. En street par exemple, tu vois beaucoup plus de figures qui sont mélangées avec du freestyle. En vert tu vois des tricks de street, à quand les tricks de freestyle en vert ? (les pogos sur la plateforme) héhé. Je pense aussi qu’il ne faut pas oublier les bases.

> Et au niveau de l’image ? On voit du skate dans les pubs ? Il y a des infrastructures… – Oui ! Ca c’est l’évolution de la société qui est obligée d’ouvrir les yeux sur ce qui se passe. Le skate et un domaine très divers toujours creatif et changeant. La médiatisation c’est pas mauvais si c’est bien traité, si c’est bien fait. Ca peut donner du job à certaines personnes, même si c’est pas forcement le cas. Mais ça reste positif pour le skate car ça montre au grand public et aux jeunes qui voudraient se mettre au skate ce que ça peut être… Donc si c’est bien fait c’est positif !

> Je me souviens avoir skaté avec toi dans les années 90 à Blagnac entre autre; tu étais alors sponso Powell France. A part te mettre au rang de sex symbol auprès des filles, qu’est-ce que ça t’a apporté ? – Raaahh… Putaing ! Qu’est-ce que j’ai fourré à Blagnac (rire) Non c’est pas moi c’est Petrucci et Laguigui un peu…
Mais bon… à l’époque c’était pas mal d’aller à Blagnac parce qu’il y avait Laguigui et E.t qui avait monté le park des “Petits Poids Sauteurs”.
Ce qui était bon à cette époque c’était de pouvoir rider un skatepark avec une vrai Vert, une vrai Mini et une air de street, plus micro… etc, etc (ennemie numéro 1 à Blagnac : le vent).
La tournée Powell c’était bien car à partir du moment où je suis rentré dans le team, j’ai commencé à bouger en Europe, à Amsterdam et du coup j’ai pu voir d’autres riders, voir le niveau sur les compètes, découvrir le nord de l’Europe, donc des pays un peu plus évolués au niveau écologie que la France à l’époque ; les vélos, les tramway etc… Je me suis aussi retrouvé avec du bon matos et des bons riders.

> Une petite anecdote sur les rides du Team Powell ? – Ben il y avait Frankie Hill qui voulait se battre avec moi (rire) parce que j’arrêtais pas de rigoler quand on voyageait ensemble en caisse, et comme je me foutais de ça gueule à cause des filles, du coup il le prenait mal, mais c’était cool quand même. Mais c’est un nerveux Frankie tu te rappelles… (rire).
> Oui… et à l’époque tu maîtrisais pas bien la langue non plus… – Oui c’est pour ça… on avait du mal à se comprendre. Sinon tout le reste ça c’est bien passé.
Tony Hawk avec la cheville enflée dans la voiture de mon frère, une super 5, c’était marrant. Sinon il y avait Lance Coklin et Ray Barbee et c’était bien sympa.
> Peux-tu me parler un peu du sponsoring en France ? – Alors ça c’est le sujet délicat… vu qu’on est pas aux US et qu’on est en Europe tout est différent !!! Il y a beaucoup de pratiquants en Europe mais il n’y a que des distributeurs ici et c’est dure (pas facile) pour les marques. Peut êtres un manque d’organisation. Du coup, au niveau sponsors les mecs peuvent pas beaucoup aider les riders comme il le font aux Us.
Ici on a des gars qui se jettent, mais ils touchent pas d’argent du coup ils ont plus de mérite en Europe car les mecs font plus du skate pour ce que ça représente pour eux… Donc voilà c’est  le coté authenticité en Europe que tu retrouves pas aux States. Mais être en Europe pour le sponsoring c’est pas top.
> Et la différence avec une marque comme Venus, Bolo and Clyde ou encore Cliché pour qui tu as ridé ? – Et bien… ç’a été une bonne expérience d’être chez Cliché parce que je me suis retrouvé sur Lyon, c’était pas mal dynamique, il y avait une bonne ambiance au début. C’était une des premières marques qui faisait surface et on avait vraiment l’impression de faire partie de quelque chose de d’interessant. Mais par la suite il a fallu faire plus de rendement dans une certaine mesure, et les personnes qui étaient là chez Cliché au début n’étaient pas dans cette optique là, donc il y a certaines personnes qui ont giclé, d’autres qui sont restées.
Ensuite Bolo and Clyde et Venus c’était une expérience au niveau du travail, ça m’a permis de découvrir un peu ce qu’était l’autre coté du skateboard; le business, les magasins, les petites batailles qu’il y a entre les shops… alors que vu de l’extérieur c’est joli, c’est sympathique le skate mais de l’intérieur c’est du business et ça reste du business alors c’est moins rigolo mais ça m’a permis d’apprendre et de visualiser le marché en France.
J’étais “Conseillé” dans la boîte, avec l’équipe on a apporté la majeur partie des idées mais c’est toujours un peu la même histoire. Les boss t’utilisent et ensuite c’est bon on te jette.
Ca aurait été mieux que tout le monde s’y retrouve et nous on s’est barré parce qu’on s’entendait pas avec le Boss. Donc résultat des courses : pas grand chose.

 

> Et l’aventure Opus qui était une belle histoire qui commençait ici sur Bordeaux ? – Opus ç’était la rencontre de deux équipes. A l’époque on était avec Loic (Artprint ndlr) et on se bougeait sur Bordeaux et à coté de ça il y avait Lyrics qui était les prémisses d’Opus.
Lyrics c’était des espagnols qui poussaient les gars de Bordeaux et des gars comme David Man et d’autres ont pas mal bossé pour eux mais encore une fois il n’y avait pas forcément de retour et c’est ça qui a poussé les mecs d’ici à monter Opus. On était une bonne équipe dans une même dynamique, ils avaient un bureau, on filmait, il fallait se bouger pour la promo, pour les magasins et faire des tournées. C’était pas mal intéressant. Mais voilà… nouvelle boite… l’euro… au bout de deux ans les charges qui tombent… En France, au bout de deux ans pour une jeune société, c’est chaud…
Alors Opus à sauté à cause de ça et c’est dommage car il y avait un bon team, de bons graphismes, de la bonne créativité, une bonne entente…

> On a effectivement vu tourner un Teaser sur le net avec une intro bien délire avec un tracteur en plastique… – Oui c’est vrai. Ont était aussi dans cette optique là; promouvoir du skate et aussi un coté positif, sympathique et rigolo et pas forcément le coté compétitions, règles, rail et démonstrations de tricks.
Il y avait le coté vie !! Le délire entre les riders mais aussi de la qualité et Simon qui dirigeait la boite était très branché vidéo et cherchait à faire vraiment quelque chose de bien. Et c’est ça que je regrette le plus car tout était là pour faire une bonne marque française.
> Penses-tu que sur les cendres d’Opus pourrait renaître autre chose sur Bordeaux ? – Oui sûrement par rapport aux personnes de l’équipe. Mais maintenant avec le recul, l’expérience, la situation économique ça reste assez difficile. Mais ça serait intéressant quand même.
> On te voit un peu moins sur les compètes alors que tu y es toujours bien placé. Je pense au Championnat de France de Nantes 2003 (4°), Grasse Skate (4°), Fise 2004 (9°) Bowl Bash 2006 (2°). Est-ce par flemme ? – J’ai fais 3° aux X-games Europe. Si j’avais fais 2° j’aurais été qualifié pour aller aux US!!!
Je suis passé devant Jean Postec etc… j’étais juste derrière Terence et devant il y avait Mathias Ringstrom. Mais en France il y a beaucoup moins de compètes intéressantes pour moi car je suis un “VertRider”. Et puis le street, les petits ledges… ça m’amuse mais sans plus et puis faire des déplacements pour faire des compètes ça m’intéresse moins. Aussi à cause du sponsoring c’est difficile de se faire suivre.
J’ai donc décidé de faire moins de compétitions, plus de tournées avec mes sponsors et puis de toute façons il n’y a pas de Rampe en France  et pas beaucoup plus de “VertRiders”. Mais à l’époque il y avait un vrai circuit qui tournait avec le street et les minis. La bonne époque quoi. Avec la Fédération c’était pas mal parce qu’il y avait une vraie scène de “VertRiders” pour faire les compétitions.
> Justement, concernant les tournées… tu reviens de NY où tu es allé rider avec Adidas. – Oui ! On est allé aussi en Tunisie cet été… La tournée “Sable et poussières” (rire). On en avait plein la bouche, c’était difficile de skater (rire).
Mais NY c’était un peu Rush, une ville avec des grosses cassures, des plaques de béton.
C’est une ville très très Busy. Il y a beaucoup de monde, beaucoup de circulation… c’est assez spécial, et au niveau du skate on a ridé un bowl indoor assez rigolo, le coping était ruff houff ! (ou (ruff and stuff) mrd) le simple grind = l’enduro des baïne, des spots sympatiques mais on a pas rencontré beaucoup de riders car les spot sont vachement espacés. NY c’est peut-être plus comme un tetris géant, une complication de tubes metaliques indestructible, melangé à un bitume ruff et vieux… Putaing! près de brooklyn bank il y a un immeuble genre grand, bien grand en pierrasse de type blanche, et en haut de cette batisse, les guhguh ont montés une autre batisse de type le palais de justice de Bordeaux, du solide! du lourd ! woah! ? Mais au niveau culturel c’est toujours intéressant. Les concerts, les artistes, toutes ces personnes d’horizons différents. C’est toute cette émulsion qui te met la patate à NY.
Mais pour vraiment y apprécier le skate il faut vivre là bas, avoir le temps de rencontrer les locaux et ressentir la ville.
Mais bon le dollar et les ricains ça ne m’a pas amusé beaucoup. Le FricShow, les gros, l’ambiance Ricaine : Tu peux pas te garer ici, tu peux pas faire ceci…

> Ludo Lale (ex Opus) me disait qu’il avait été arrêté par la police à Tampas, dans le bowl, parce qu’il ne portait pas de casque !! – Oui, oui !!!! Ben c’est ça ! C’est les States ! Tu rides sur un spot, il te voit sans ton casque, t’es niqué quoi. Tu passes par dessu les tourniqués de métro parce que ta carte fonction plus… et bien même avec la carte valable, tu manges ton ticket de 60 Dollars et limites c’est la chaise élec pour la rééducation de la mort… des vrais schpouns !! rich… meme les allemands qui était avec nous était bien plus cool.
Au niveau du business du skate et des pratiquants on arrive à la fin d’une vague. Et comme à son habitude c’est là qu’on voit émerger de nouveaux parks de partout. Pourquoi ce décalage à ton avis ? – Ah ! C’est une bonne question ! J’avais pas pensé à ça. Mais effectivement c’est vrai. Attends je fais une pose et je vais réfléchir (rire)….
Oui quand la vague ferme, il y a des gars qui sortent du tube (rire) et c’est peut-être pour ça qu’il y a des skateparks qui sortent avec.
Mais les années passent, les mentalités aussi et avec elles la société.
On n’était un mouvement marginal autre fois et maintenant on est fashion.
Mais tout ça c’est bien dans le sens où pendant longtemps on a eu des parks bidons posés aux normes, normes créées par des fabricants de portails.
On c’est retrouvé avec des rampes pourries, des spines d’un mètre de large soit disant aux normes mais super dangereux en fait.
Mais le skate c’est aussi un sport qui est en évolution perpétuelle, c’est  comme le surf. C’est comme si tu disais “bon, ben voilà, on va dire que la vague homologuée fait 1,20m” alors qu’une vague c’est jamais pareil. Et dans le skate c’est la même chose, les courbes sont toutes différentes, mais c’est sûr qu’il faut des normes de sécurité, un minimum, pour pas faire n’importe quoi , mais pour donner des directives.
On sait aussi que les skateurs sont pas beaucoup engagés dans la Fédération… alors au niveau de la communication avec la fédé et le ministère des sports c’est pas encore ça mais ça avance.
> En parlant de park. Parle nous un peu du park de Bordeaux où nous avons shooté toutes les photos. – Ben on peut enfin s’entraîner maintenant (rire). Plus de dix ans après. Parce qu’avant il y avait une rampe, une petit mini, mais bon …
Aujourd’hui on a une infrastructure plus à la hauteur de ce qu’est Bordeaux. Cela en fait une ville plus attractive et c’est tant mieux car ici il y a pas mal de riders. Même si le skatepark est pas mal il y a toujours des petits détails qui vont pas, mais c’est pas très grave.
Moi je suis satisfait et je ne suis pas le seul. Beaucoup de gens sont heureux d’avoir un skatepark de cette envergure aujourd’hui sur Bordeaux.
Il y a des bellettes bien mignonnes qui passent devant le skatepark en vélo (rire)

 

> Sinon, qu’est-ce qui te motive à aller skater le matin ? – C’est toi ! Du con ! (rire)… comme ça fait plus de 15 ans que je fais du skate c’est tout simplement ma passion. C’est mon univers, mon domaine, c’est là où je me sens bien aussi.
La glisse en général comme le surf et le snow aussi.
Le skate m’a beaucoup appris. J’ai voyagé, j’ai découvert d’autres personnes, d’autres mentalités, d’autres cultures etc… Et c’est tout ça qui me motive le matin pour me lever et aller skater.
C’est aussi le fait de pouvoir s’extérioriser, taper des jumps, planer avoir de bonnes montées d’adrénaline, être bien le soir et dans un autre état que celui du gars qui rentre en se disant que la vie c’est relou, ça pu, il faut recommencer demain.
Le skate c’est vraiment un bon exutoire.
Et puis sur les spots il y a une bonne émulsion. Ca rigole, ça snake et puis snaker c’est pas la crise. C’est juste dynamiser la session et ça met un peu les gars au niveau. C’est à dire que si t’as pas le niveau pour snaker t’es pas dans la session.
Je fais du skate, j’ai de la chance !

 

> Voilà la fin de l’interview. Quelque chose à rajouter ? – Oui ! Il faut pas hésiter à rider avec des boards plus larges et arrêter de suivre la mode car de toute façon c’est les skateurs qui l’inventent (rire) La culture skate est proche de l’underground, proche de la rue alors faut pas suivre la mode des gens qui reprennent le phénomène mais continuer à l’alimenter et à être différent.

Txt et photos : Jeffosaure© – www.sk8.net

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